La surdité chez le dogue argentin
Pourquoi cet article ?
Il y a très peu d'information au sujet de la surdité chez le Dogue Argentin. D'ailleurs, aucune statistique française n'est à ce jour à évoquer ce jour puisqu'une partie insignifiante du cheptel français est testée (rappel : 1.039 chiots nés en 2012).
Selon plusieurs ouvrages étrangers, la surdité (bilatérale ET unilatérale) serait présente à hauteur de 26 % (chiffres anglais) à 40 % (chiffres américains) dans le dogue argentin.
Ces données plus qu'effrayantes devraient inciter au dépistage de la surdité au plus vite.
*************
Les types de surdité....
Surdité bilatérale : le chien ne perçoit que les vibrations, ce qui nécessitera une éducation particulière et un maître digne de confiance, qui apprendra à connaître parfaitement son chien en vue d'anticiper ses réactions et comportements...
Surdité unilatérale : une seule oreille fonctionne. Cette surdité est asymptomatique, le chien joue comme le reste de sa fratrie, monte la garde, est réceptif à tous les bruits mais est susceptible, lors d'un rappel où son maître est éloigné, de ne pas, dans l'instant T, savoir d'où provient exactement l'appel. Il se peut qu'il mette quelques micro secondes supplémentaires à s'orienter vers son maître. Un chien entendant unilatéral est tout autant un bon chien de compagnie et de famille que ses autres frères et sœurs entendants bilatéraux mais il doit être écarté du circuit de la reproduction du fait du fort risque de transmission de surdité à sa descendance.
**************
Pourquoi un dépistage officiel ?
Il serait aisé de dépister les porteurs de la surdité par un simple test génétique. Mais ce test n'existant encore pas à l'heure actuelle, le seul moyen FIABLE est de procéder à des tests PEA (Potentiels Évoqués Auditifs). Cependant, il est selon nous important de tester TOUS les chiots d'une portée car tous, une fois confirmés par leurs propriétaires seront susceptibles de reproduire un jour. Le propriétaire d'un chiot unilatéral qui ferait reproduire en connaissance de cause son chien entendant unilatéral aura l'entière responsabilité des conséquences qu'il peut subir de la part des acquéreurs des chiots qu'il aura produit.
***************
Ce que le dogue argentin y gagnera...
Un travail de dépistage et de sélection de reproducteurs sains permettrait de réduire considérablement et au fur et à mesure la part de chiens sourds (bilatéraux et unilatéraux), ce qui aurait pour conséquence :
- de diminuer les comportements agressifs des chiens sourds bilatéraux n'ayant pas eu une éducation en adéquation avec leur handicap ;
- de réduire le nombre de dogues argentins sourds placés en refuges ;
- de stopper l'euthanasie massive de chiots sourds en élevage.
***************
C'est une démarche d'honnêteté et d'éthique de la part de l'éleveur envers les propriétaires et passionnés du Dogue Argentin. De plus en plus de vétérinaires de différentes régions proposent ces tests qui existent depuis maintenant une dizaine d'années. Il est affligeant qu'un prorata aussi faible de dogues argentins soit testé quand on connaît l'ampleur du problème, alors que dans le dalmatien ou le bull terrier (entre autres), le dépistage est devenu une évidence pour tout éleveur sérieux... tout comme d'ailleurs la dysplasie coxo-fémorale dans le dogue argentin.... paradoxe....à moins que le dépistage de cette dysplasie n'est là que pour les cotations et elle peut être détectable à l'oeil nu, contrairement à une audition unilatérale qui reste asymptomatique....
C'est donc pour cela que, malgré la désapprobation de certains et la stupidité des personnes préférant acquérir un chiot non testé (à prix fort) plutôt qu'un unilatéral clairement évoqué à moindre prix (retour au syndrome des oeillères), nous testons et continuerons à tester tous les chiots qui porteront l'affixe DEL SUEÑO LATINO.
***********
En illustration de l'ampleur du problème, nous remercions chaleureusement le Docteur Ludovic Siméon pour son soutien et son article écrit récemment pour notre élevage :
La surdité chez le Dogue argentin : actualités et perspectives
Dr Ludovic Siméon, Vétérinaire
Du fait de la prépondérance du blanc dans la robe du Dogue argentin, cette race présente un risque vis-à-vis de la surdité d’origine héréditaire. Cette surdité lorsqu’elle est présente se développe lors des premières semaines de vie (effective entre la 3è et la 4è semaine) et se traduit par une dégénérescence des structures fonctionnelles de l’oreille interne (par manque de cellules pigmentées appelées « mélanocytes » dans une structure particulière de l’oreille interne : la « strie vasculaire » : on parle de « dégénérescence cochléo-sacculaire ») [1].
Peu de données sur la prévalence de ce type de surdité existent dans la race du Dogue argentin. Cependant cette prévalence se situerait entre 26% (chiffres argentins [2]) et 40% (chiffres américains [3]). Malheureusement, aucun chiffre français n’existe à l’heure actuelle. L’on parle ici de surdité globale : on englobe par conséquent les sourds unilatéraux et bilatéraux. Et selon ces études, les sourds bilatéraux représenteraient de 28% [3] à 38% [2] des Dogos atteints de surdité : par conséquent, les sourds unilatéraux représentent quant à eux 62% [2] à 72% [3].
Ceci est fondamental : en effet, un chien atteint d’une surdité héréditaire qu’elle soit bilatérale ou unilatérale a un risque supérieur de transmettre ce défaut génétique à sa descendance (chez le Dalmatien, une race qui a été particulièrement bien étudiée, il a été démontré qu’un individu atteint de surdité unilatérale croisé avec un individu ne présentant pas de surdité a 2 fois plus de risque de transmettre la surdité à sa descendance, par rapport au croisement de 2 chiens non atteints de surdité [4]).
Or autant un chien atteint de surdité bilatérale se reconnaît facilement (aucune réaction aux stimulations sonores, sommeil très profond, aboiements intempestifs, …), un chien sourd d’une seule oreille la plupart du temps est asymptomatique (parfois l’on peut noter des difficultés pour le chien à déterminer la localisation d’une source sonore : par exemple : le chien ne vous voit pas et ne peut pas vous sentir, vous l’appelez et il part vous chercher à l’opposé d’où vous vous trouvez). Et d’après les études citées plus haut, pour 1 chien sourd des 2 oreilles, il y a environ 2 chiens atteints de surdité unilatérale : « lorsqu’on en trouve un, c’est que potentiellement on en a manqué 2 ! ».
Malheureusement, le déterminisme génétique de ce type de surdité héréditaire étant tellement complexe, qu’à ce jour, aucun test génétique ne permet de tester les futurs reproducteurs afin de diminuer la prévalence de la surdité.
A la disposition des éleveurs et des particuliers, existent néanmoins des tests simples, de type électrodiagnostique (le plus commun étant l’enregistrement des Potentiels Evoqués Auditifs du tronc cérébral ou P.E.A.), réalisés dans certaines structures vétérinaires (liste consultable sur certains sites internet de clubs de race, comme par exemple celui du Dalmatien Club de France). Ces tests permettent de déterminer objectivement le statut auditif des chiens et autorisent alors une politique de sélection des reproducteurs visant à diminuer la prévalence de la surdité héréditaire dans la race. En effet, en retirant de la reproduction les chiens atteints de surdité unilatérale (et évidemment les chiens sourds bilatéraux, plus facilement identifiables), le risque de surdité diminuera dans le temps dans la race ; en insistant sur le fait qu’un chien atteint de surdité unilatérale est un excellent chien de compagnie, dans l’idéal, stérilisé [5].
Références bibliographiques :
1- Coppens AG, Steinberg SA, Poncelet L. Inner ear morphology in a bilaterally deaf Dogo Argentino pup. J Comp Pathol. 2003 Jan;128(1):67-70.
2- Pellegrino FC, Pacheco EL, Vazzoler ML . Estudio clinico de sordera en Dogo argentino. An. Vet. (Murcia) 2009, 25 : 5-20.
3- Site internet du Pr Strain, LSU : https://www.lsu.edu/deafness/incidenc.htm
4- Strain G.M.. Deafness in dogs and cats. Proceedings of the l0th American College of Veterinary Internal Medecine Forum 1992, 10, 275-8.
5- Siméon LA, Monnereau L. Les causes de surdité chez le chien et le chat. Le Point vétérinaire. 2005, 259 : 18-23.
Dr Ludovic Siméon, Vétérinaire
Du fait de la prépondérance du blanc dans la robe du Dogue argentin, cette race présente un risque vis-à-vis de la surdité d’origine héréditaire. Cette surdité lorsqu’elle est présente se développe lors des premières semaines de vie (effective entre la 3è et la 4è semaine) et se traduit par une dégénérescence des structures fonctionnelles de l’oreille interne (par manque de cellules pigmentées appelées « mélanocytes » dans une structure particulière de l’oreille interne : la « strie vasculaire » : on parle de « dégénérescence cochléo-sacculaire ») [1].
Peu de données sur la prévalence de ce type de surdité existent dans la race du Dogue argentin. Cependant cette prévalence se situerait entre 26% (chiffres argentins [2]) et 40% (chiffres américains [3]). Malheureusement, aucun chiffre français n’existe à l’heure actuelle. L’on parle ici de surdité globale : on englobe par conséquent les sourds unilatéraux et bilatéraux. Et selon ces études, les sourds bilatéraux représenteraient de 28% [3] à 38% [2] des Dogos atteints de surdité : par conséquent, les sourds unilatéraux représentent quant à eux 62% [2] à 72% [3].
Ceci est fondamental : en effet, un chien atteint d’une surdité héréditaire qu’elle soit bilatérale ou unilatérale a un risque supérieur de transmettre ce défaut génétique à sa descendance (chez le Dalmatien, une race qui a été particulièrement bien étudiée, il a été démontré qu’un individu atteint de surdité unilatérale croisé avec un individu ne présentant pas de surdité a 2 fois plus de risque de transmettre la surdité à sa descendance, par rapport au croisement de 2 chiens non atteints de surdité [4]).
Or autant un chien atteint de surdité bilatérale se reconnaît facilement (aucune réaction aux stimulations sonores, sommeil très profond, aboiements intempestifs, …), un chien sourd d’une seule oreille la plupart du temps est asymptomatique (parfois l’on peut noter des difficultés pour le chien à déterminer la localisation d’une source sonore : par exemple : le chien ne vous voit pas et ne peut pas vous sentir, vous l’appelez et il part vous chercher à l’opposé d’où vous vous trouvez). Et d’après les études citées plus haut, pour 1 chien sourd des 2 oreilles, il y a environ 2 chiens atteints de surdité unilatérale : « lorsqu’on en trouve un, c’est que potentiellement on en a manqué 2 ! ».
Malheureusement, le déterminisme génétique de ce type de surdité héréditaire étant tellement complexe, qu’à ce jour, aucun test génétique ne permet de tester les futurs reproducteurs afin de diminuer la prévalence de la surdité.
A la disposition des éleveurs et des particuliers, existent néanmoins des tests simples, de type électrodiagnostique (le plus commun étant l’enregistrement des Potentiels Evoqués Auditifs du tronc cérébral ou P.E.A.), réalisés dans certaines structures vétérinaires (liste consultable sur certains sites internet de clubs de race, comme par exemple celui du Dalmatien Club de France). Ces tests permettent de déterminer objectivement le statut auditif des chiens et autorisent alors une politique de sélection des reproducteurs visant à diminuer la prévalence de la surdité héréditaire dans la race. En effet, en retirant de la reproduction les chiens atteints de surdité unilatérale (et évidemment les chiens sourds bilatéraux, plus facilement identifiables), le risque de surdité diminuera dans le temps dans la race ; en insistant sur le fait qu’un chien atteint de surdité unilatérale est un excellent chien de compagnie, dans l’idéal, stérilisé [5].
Références bibliographiques :
1- Coppens AG, Steinberg SA, Poncelet L. Inner ear morphology in a bilaterally deaf Dogo Argentino pup. J Comp Pathol. 2003 Jan;128(1):67-70.
2- Pellegrino FC, Pacheco EL, Vazzoler ML . Estudio clinico de sordera en Dogo argentino. An. Vet. (Murcia) 2009, 25 : 5-20.
3- Site internet du Pr Strain, LSU : https://www.lsu.edu/deafness/incidenc.htm
4- Strain G.M.. Deafness in dogs and cats. Proceedings of the l0th American College of Veterinary Internal Medecine Forum 1992, 10, 275-8.
5- Siméon LA, Monnereau L. Les causes de surdité chez le chien et le chat. Le Point vétérinaire. 2005, 259 : 18-23.